Globo Madrid - Accord historique à l'OMS sur la préparation et la lutte contre les futures pandémies

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Accord historique à l'OMS sur la préparation et la lutte contre les futures pandémies
Accord historique à l'OMS sur la préparation et la lutte contre les futures pandémies / Photo: Audu MARTE - AFP/Archives

Accord historique à l'OMS sur la préparation et la lutte contre les futures pandémies

Après plus de trois ans de négociations, les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé ont approuvé mercredi un accord historique visant à mieux se préparer et lutter contre les futures pandémies.

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"Les États membres de l'OMS ont fait un grand pas en avant dans les efforts visant à rendre le monde plus sûr face aux pandémies, en élaborant un projet d'accord qui sera examiné lors de la prochaine Assemblée mondiale de la Santé en mai", a indiqué l'OMS dans un communiqué.

Les pays sont tombés d'accord après une dernière journée et nuit de négociation. "On a topé à 1h58", a indiqué à l'AFP un délégué, tandis que l'OMS préparait le champagne.

"Les nations du monde ont écrit l'histoire aujourd'hui à Genève," a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"En parvenant à un consensus sur l'Accord sur la pandémie, non seulement elles ont mis en place un accord générationnel pour rendre le monde plus sûr, mais elles ont également démontré que le multilatéralisme est bien vivant, et que dans notre monde divisé, les nations peuvent encore travailler ensemble pour trouver un terrain d'entente et une réponse partagée aux menaces communes", a-t-il ajouté, qui a participé aux débats.

Les discussions des délégués -en conférence hybride- avaient pourtant avancé plus lentement que prévu mardi, après trois jours de pause.

Elles ont buté essentiellement sur l'article 11 qui concerne le transfert de technologies pour la production de produits de santé liés aux pandémies, en particulier au profit des pays en développement.

Le sujet avait été au cœur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s'accaparer les doses de vaccin et autres tests.

Plusieurs pays, où l'industrie pharmaceutique pèse lourd dans l'économie, sont opposés à l'idée d'obligation de transfert et insistent sur son caractère volontaire. Un consensus a finalement émergé autour du principe de transfert de technologies "convenu d'un commun accord".

L'accord prévoit par ailleurs la création d'un "Système d'accès aux agents pathogènes et de partage des avantages" (PABS en anglais), à savoir les produits de santé découlant de leur utilisation, comme des vaccins ou des tests par exemple. Il vise aussi à élargir l'accès à ces produits en établissant un réseau mondial de chaîne d'approvisionnement et de logistique.

- Virus pire que la guerre -

"C'est un accord historique pour la sécurité sanitaire, l'équité et la solidarité internationale", a réagi Anne-Claire Amprou, co-présidente de l'organe de négociation et ambassadrice de France pour la santé mondiale.

Le chef de l'OMS était venu rejoindre les négociateurs en fin de journée mardi et en a profité pour s'adresser à la presse. Pour lui le texte est "équilibré" et apporte "plus d'équité".

Et surtout, il a mis en garde de ne pas perdre de vue l'essentiel: "Le coût de l'inaction est bien plus élevé" parce que "le virus est le pire ennemi, il pourrait être pire qu'une guerre".

Samedi, après cinq jours dont 24 heures de négociations sans interruption, Mme Amprou avait annoncé "un accord de principe", en attendant l'accord définitif des capitales.

Mardi devait servir à "toiletter" une dernière fois le texte, qui cinq ans après l'arrivée du Covid-19, ses millions de morts et une économie mondiale dévastée, doit permettre de mieux préparer le monde, loin d'être équipé pour affronter une autre pandémie, selon l'OMS et les experts.

- Etats-Unis absents -

Les négociations se sont déroulées dans un contexte de crise du multilatéralisme et du système de santé mondial, provoqué par les coupes drastiques dans l'aide internationale américaine décidée par le président Donald Trump, alors que les Etats-Unis étaient de très loin le principal donateur humanitaire.

Ils étaient aussi absents des négociations, le président américain ayant décidé qu'ils quittaient l'organisation. Mais la présence des Etats-Unis se fait sentir dans les couloirs de l'OMS, avec la menace de droits de douane américains sur la pharmacie.

Mais pour les ONG, il était temps de conclure.

"Bien que l'accord ait fait l'objet de plusieurs compromis, il comporte de nombreux éléments positifs permettant la mise en place d'un nouveau cadre pour une préparation et une réponse aux pandémies plus équitables et plus justes à l'avenir", a commenté Médecins sans frontières (MSF).

I.Gomez--GM